Chère Maman
Chère Maman,
Tu sais, je suis vraiment fatiguée. Avec mes amis, on vient de passer deux mois à faire des choses dont je ne suis pas plus fière que cela. Mais je ne peux pas trop t'en parler. En ce moment, j'ai beaucoup de mal à ne pas me dégoûter. A tel point que le matin quand je me lève, j'ai envie de vomir.
Je me demande ce que tu penserais de moi si tu savais tout. Tu sais combien je t'aime et combien je serais malheureuse si tu te montrais trop sévère avec moi.
Pourtant, je te promets, j'essaie de faire de mon mieux. Mais c'est plus fort que moi. Il faut que je me laisse embarquer dans des trucs impossibles. Je ne sais pas dire non. C'est comme si ce n'était pas moi, tu vois. Je suis comme aspirée par tous ces copains. J'ai l'impression qu'ils me poussent, que je n'ai pas le choix, que je suis obligée de faire de plus en plus de choses qui me révulsent. Et en même temps, je finis par les faire.
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi, finalement, je les fais presque avec plaisir. Crois-tu que je serais perverse ? Je voudrais tellement être quelqu'un de bien. En même temps, là où je suis, j'existe parce que je fais ce que je fais. C'est un peu une lutte pour garder sa place. Je suis connue comme ça, c'est bête. J'aspirerais tellement à faire des choses bien.
Tu sais, ce n'est pas toujours très facile pour moi. Je me demande souvent si je suis une bonne fille, et je m'inquiète toujours de savoir si je vais être à la hauteur. A la hauteur de quoi, on se le demande. Je suis fatiguée, Maman, très fatiguée.
Chère Maman, je suis très triste aujourd'hui. Et je voulais juste te dire à quel point je souffre. Je ne te demande pas de me plaindre. C'est une chose que tu n'as jamais su faire. Je ne te demanderai pas non plus de m'enlacer de tes bras pour me consoler.
J'ai l'impression que si je pouvais seulement pleurer longtemps, sincèrement, profondément, j'ai l'impression qu'après j'irais mieux. Mais je n'arrive même plus à pleurer. Je ne sais plus que faire semblant. Je crois que chaque jour qui passe, je m'échappe un peu plus à moi-même.
Est-ce que tu crois que tu pourrais m'aider, même seulement un peu ?
Je t'embrasse fort,
Ta fille qui t'aime.