Brèves de scrutin - suite
En fin de matinée, vers 12h30, la file des gens qui attendent pour voter enfle dans des proportions énormes. Il paraît que l'on compte jusqu'à plus d'une heure d'attente.
Evidemment, les conversations vont bon train et les voisins de file papotent sans retenue :
- Je ne la connais pas trop, Madame de Crémiers. Vous la connaissez, vous ?
- Non, pas plus que ça. Mais j'aime bien son côté "tueuse distinguée".
Sortie du bureau de vote d'une grande ville de province.
Un attroupement. Quatre personnes sont là, qui viennent de voter. Elles discutent des mérites comparés des listes en présence :
- C'est incroyable, ça fait 25 ans que je suis adhérente, et c'est la première fois qu'il y a deux listes en concurrence pour une élection interne.
- D'accord, mais n'allez pas croire que ça va être facile pour autant. Si vous croyez qu'ils vont lâcher comme ça, vous vous bercez d'illusions.
- Quand même, c'est déjà un progrès. Je ne dis pas que c'est facile pour autant.
- C'est clair. Mieux vaudrait aller chercher un morceau de carne dans la gueule d'un tigre plutôt que d'affronter ces gens.
On ne nous avait pas dit que la steppe démocrate recelait de tels dangers. On en frémit !
- Vous aussi, on vous a appelée avant les élections ?
- Oui, deux fois. Pour me demander si j'allais voter.
- Et alors ?
- Alors on m'a demandé si j'étais au MoDem, si j'avais bien réadhéré, si j'étais au courant des élections, si j'avais l'intention de voter et si je voulais faire une procuration. Un garçon puis une fille. Très polis, très corrects.
- Et alors, qu'est-ce que vous avez répondu ?
- J'ai demandé comment il fallait faire. On m'a répondu qu'il suffisait que je téléphone au siège pour communiquer mon adresse mail et qu'on s'occuperait de tout.
- C'est tout ?
- Ben oui, c'est tout. Pourquoi ?
288. C'est le nombre exact des procurations à Paris pour environ 1.100 votants, soit 26,2 % du nombre total de votants. Belle performance !
Le circuit des procurations est d'un compliqué, mazette ! Il faut d'abord montrer patte blanche et aller se faire vérifier, enregistrer et tamponner. Après quoi on est admis dans le saint des saints.
Et là, voilà que ça recommence : contrôle d'identité, papiers, vérification de tampon et tout. Un truc de ouf ! Normalement, à ce moment là, tout doit être impeccable.
Eh ben non, voilà que J.C. vient voter pour O.C., alors que G.L. avait déjà voté pour O.C. Dingue, non ?
Au bureau d'enregistrement des procurations, Céline ALLEAUME s'inquiète. Lorsqu'elle présente sa procuration, on enregistre son nom et celui du mandant. "Qu'est-ce que vous notez ? Je ne veux pas que vous notiez pour qui j'ai une procuration. C'est privé !". Allons bon !
Pendant ce temps, on se débrouille comme on peut pour compléter les procurations en blanc avant de se présenter au bureau d'enregistrement : ici et là dans les locaux du Siège, et notamment sur une pile de cartons stockée dans le couloir d'entrée pour "Ensemble pour un Paris Démocrate", dans une voiture garée à proximité et transformée en PC opérationnel avancé pour "Nouvel Elan, Nouveau Souffle".
Heureuse nouvelle ! Voici enfin reconnues les vertus de la signature électronique ! Enfin, quand on dit "signature électronique", faudrait voir à ne pas être trop exigeant quand même sur la forme de la chose.
Après avoir, il y a quelques mois paraît-il, retoqué la contribution d'un adhérent lors d'une consultation au motif qu'elle ne comportait pas de signature manuscrite, voici que FJ, porteur d'une procuration où la signature manuscrite du mandant, absente, a été remplacée par un coup de tampon et la mention "signature électronique" est admis dans le saint de saints.
Il paraît que ça n'a pas du tout plu à ceux qui étaient chargés du contrôle. On les comprend. On leur demande de vérifier un truc et on leur explique que quand c'est pas bon, non seulement c'est pas grave, mais en plus c'est bon quand même. On s'agacerait à moins.
A suivre ...